Mon Argentine

Aller aussi loin par curiosité, est-ce bien raisonnable ? OUI !

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jeudi, septembre 2 2010

Vers Reconquista

Reconquista by night

"Petite" ville d'environ 70 000 âmes, de la province de Santa Fé située au Nord-Est de l'Argentine à moins de 800 kilomètres de Buenos Aires, où il fait bon vivre, et rien de spectaculaire à visiter. Seulement l'air qui se déplace à la vitesse des habitants, c'est à dire doucement, à pas feutrés, histoire de ne pas perdre la moindre miette de vie.

Après un long voyage, 11 heures de bus, dont une partie passée à dormir, nous arrivons en assez bonne forme à la gare routière de Reconquista. Elle est située en pleine ville et à cette heure avancée de la nuit, 1h00 du matin, il y a encore quelques trainards qui zonent autour de l'édifice. Nous sommes sous les tropiques, et les petites grenouilles invisibles sont les témoins de notre arrivée. C'est vrai qu'il faut les chercher pour les trouver ces bestioles tant elles sont petites, mais Ô combien utiles ces mangeuses de moustiques et autres insectes du même genre. Nous sommes attendus par Negro. La cinquantaine bien portante, sec comme un coureur de fond, bronzé et naturellement bien mis. Embrassades fraternelles avec Cédric et poignée de main ferme de "Macho" accompagnée d'un sourire franc pour moi. Il s'inquiète de savoir si nous avons fait bon voyage, si nous avons soif et faim, tout cela en se dirigeant vers son Pick-Up Toyota dans lequel nous chargeons nos bagages. Quimès Décalage horaire et confortés par quelques heures de repos forcé, notre désir penche pour une bière fraiche. A cette heure tardive, et une température douce, Negro nous conduit au bowling, situé à une poignée de minutes. Il s'agit d'un endroit pour "d'jeunes" avec musique "Latino Lovers" fortement teintée de basse. C'est assez spacieux, bien tenu et l'on peut manger et boire sans se ruiner. Des serveuses aimables, quelques clients insomniaques ou au lendemain sans boulot, occupent l'établissement. La tête un peu bousculée, j'avale les images du moment. Je n'ai pas encore la langue Espagnol dans l'oreille et compte tenu de l'heure et de la fatigue, le courage pour tenter de comprendre, me fait défaut. La conversation animée entre mes compagnons de table ne me gêne absolument pas. Malgré cette désynchronisation, je me sens bien dans cet endroit. Les bières et les petits sandwichs arrivent, et je suis impressionné par les 73 centilitres de la bouteille individuelle. La marque Quilmès va très rapidement devenir ma préférée pour sa légèreté, du genre de la bière blanche "Hoegaarden" pour les profanes.

Mais il se fait tard, et la fatigue nous commande d'interrompre cette petite réunion tardive pour nous diriger ver le pick-up de l'ami Negro. Sa rutilante caisse est garée devant le bowling, et en route vers notre hôtel, Los Tilos. D'après ce que j'ai pu comprendre des explications de Negro, Le 'tilos' représente une plante curative avec laquelle les gens du coin font des tisanes.

Les bagnoles Toyota_Hilux.jpg

Ici, le "pick-up" est le véhicule par excellence. Peut importe son âge, on en prend soin, car ils sont couteux et indispensables. Cet engin vous balade, transporte des matériaux et des matériels. Mais bon, compte tenu de son prix, l'affaire n'est pas à la portée de tous. Les Renault R12, Fuego y compris, la Citroën 2 CV, et même la Renault 4L, tournent encore et se vendent dans les garages proposant des occasions. Elles sont bichonnées, "customisées" sans ostentation débordante, bref maintenues par des mécanos doués. Je crois même que certaines pièces de rechange introuvables, sont refaites sur place. Le consumérisme n'est pas encore pris racine à Reconquista. Non pas que les gens vivent exclusivement avec du matos de récupération, loin de moi cette idée, mais ici on a toujours la valeur des objets durement acquis.

Suite ..

mercredi, septembre 1 2010

Benvenidos en Argentina

L'Argentine ? 2010_04_15_3663.JPG

Je n'y suis pas allé au hasard en Argentine. Trop loin et trop paresseux pour ça.. C'est Cédric, grand chasseur et pêcheur, qui a découvert ce coin de paradis en 2005. Cette fine gâchette est pourtant de nature tendue, mais dès qu'il se pose dans ce coin, la métamorphose s'opère.
Depuis son premier voyage, certains ont eu le privilège d'apprécier la nature généreuse dispensée par les grands territoires de la province de Santa Fé.
A chacun de leurs retours, le même bonheur transpirait de ces hommes. Il est rare d'entendre des chasseurs parler d'un autre sujet que celui qui anime leur passion. Et bien pour le coup, pas un mot sur leurs performances ou leurs tableaux. Tous étaient unanimes à vanter l'art de vivre des Argentins, la beauté de la nature, la propreté des gens simples, etc..
A force de les entendre, le chasseur que je ne serai jamais, à décidé lui aussi de gouter à ces plaisirs. D'y aller, ça se mérite car il faut environ 48 heures, depuis Paris, de transports divers (avions, taxis et autobus). Mais si vos yeux et votre cervelle sont en éveil, le dépaysement sera garanti. Mon récit n'a aucune prétention touristique, il est seulement destiné à la conservation de mes souvenirs, un peu comme les bouteilles de parfums vides qu'on se refuse à jeter, et avec lesquelles on respire les traces d'agréables moments.

Premiers pas ..

L'aéroport de Buenos-Aires n'a rien de particulier, il n'y a donc rien à en dire, sinon sur les pratiques à connaitre concernant les taxis, ce que les guides touristiques font très bien, et la courtoisie ambiante. Il pleut fort et l'air est moite en ce mois d'avril 2010. Le taxi part à vive allure en direction de la gare routière qui se situe à quelques kilomètres de l'aérogare, au nord-est de Buenos-Aires. Le chauffeur est aussi discret que sa caisse est ancienne. Il va vite et on doit faire confiance. Après quelques kilomètres de périphériques, quelques places avec des statues d'Argentins célèbres, quelques gros bâtiments avec des militaires devant, et certainement un bon paquet dedans. Mais bon, cela permet de se rendre compte des infrastructures d'un pays, un peu trop rapidement décrié en Europe. La Suite .. Drapeau_Argentin.jpeg/// ///

mardi, août 31 2010

On avance ..

Le Retiro

Cette zone du Retiro concentre tous les terminaux ferroviaires, bus urbains et longs courriers. Je trouve que c'est une bonne idée d'avoir centralisé tous les départs dans le même quartier. Arrivé au Retiro, l'aimable taximan nous dépose et là, première prise de contact avec "el pueblo". Deux ou trois gars nous proposent leurs bras pour porter nos bagages, et le plus dur, c'est de prendre la prudente décision de les trainer vous-même. Enfin, ce que je dis n'engage que moi.
Nous rentrons dans le hall principal, et nous nous dirigeons à l'étage où se trouve les compagnies de bus à grands trajets. Parait que certaines possèdent des engins plus confortables que d'autres, mais j'avoue humblement mon inexpérience à ce sujet. Peu importe la compagnie, les cars "long-courrier" sont tous immenses et à deux étages. Les sièges sont prévus pour de longs voyages, genre première classe avion.
Pour l'achat des tickets, il faut présenter son passeport qui est une obligation pour passer les frontières d'une province à une autre.

Site de FlechaBus

L'attente

Nous avons un départ vers 17h00 et le spectacle des départs occupera très certainement vos sens. Ça part et ça arrive de tous les coins de l'Amérique du Sud ces cars, il ne faut donc pas s'étonner d'entendre, en plus de la langue locale, des Brésiliens venus depuis Rio de Janeiro, et des langues Indiennes de toute l'Amérique du Sud. De toutes les ethnies, les passagers en partance sont bien sapés, et les enfants bien tenus. C'est pas le chahut, et à part quelques femmes imposantes qui cherchent à encadrer leurs marmailles, l'ambiance est moins survoltée que dans nos gares. Parmi ce monde, les Indiens me fascinent car ils semblent coexister plutôt que côtoyer les autres couches de la population. D'après le peu que j'ai appris d'eux, ils sont de provinces assez reculées. Ils parlent peu et doucement, et ne haussent jamais le ton. Ils ne se lient pas avec leurs voisins de siège. Aucune hostilité, ni sympathie d'ailleurs, ne vient assombrir leur attente. Être à leur côté, c'est se sentir transparent pour eux, mais ils me semblent excessivement timides. Mais comme pour beaucoup de sujets, il faut savoir attendre. Bouger avec plusieurs bagages, cela relève du bourricot à deux pattes, et à regarder les autres voyageurs, il est préférable de les tenir fermement. Quelques pickpockets, produits naturels de toutes civilisations urbaines. Retiro.JPG

La Suite ..

lundi, août 30 2010

Notre hôtel, LOS TILOS

Los Tilos

Los-Tiros.jpg

Situé à quelques centaines de mètres de notre première étape le bowling, Los Tilos est un petit hôtel d'une quinzaine d'années, bien entretenu.

Rien de prétentieux, genre petit établissement d'une trentaine de chambres, bâti sur deux étages à la mode USA. L'affaire est tenue par un personnel peu nombreux et discret, dont l'efficacité ferait pâlir d'envie plus d'un membre du "Medef". Je ne sais plus si je l'ai déjà dit, mais les Argentins sont des gens qui parlent sans jamais élevé le ton, toutes classes sociales confondues. Et dans ce modeste établissement, cela ajoute à son confort ambiant.

Malgré l'heure tardive, le réceptionniste très courtois, après les formalités d'usage, nous mène vers une chambre double climatisée. Bon, compte tenu du prix la pièce n'est pas très grande, mais suffisante pour l'installation des deux lits. Une salle de bain complète l'équipement. Le bidet offre une particularité assez intéressante, soit un jet vertical qui permet un entretien intime très appréciable.

Petite note désagréable qui me dérange personnellement, il y a un appareil dans le couloir qui diffuse un parfum d'ambiance écœurant dont l'odeur me fait penser à celle du Gliricidia sepium, arbuste qui pousse, entre autres contrées, aux Antilles Françaises et qui exhale une odeur identique approchant un peu de l'amande amère et du lilas.

Mais le sommeil est plus fort et le réveil matinal est dans quelques petites heures.

Le petit déjeuner ..

Après une toilette réparatrice, Cédric et moi descendons dans la salle destinée à cet office. Tables individuelles déjà mises, le client va prendre un plateau pour se servir sur un buffet quelques petites viennoiseries à la mode du pays, seules originalités, si tant est que l'on puisse qualifier d'originales ces douceurs en pâte feuilletée. Le reste est d'une banalité aussi affligeante que mondiale. Nous dirons de ces petits déjeuners, qu'ils furent copieux à souhait mais qualitativement quelconques. Mais bon, cela ne nous empêche pas de se sentir bien, et c'est le principal.

Le reste de l'hôtel ..

Le salon qui est près de la réception, est équipé d'un téléviseur grand écran du dernier cri, devant lequel se plante tous les clients en transit. On reconnaît sans peine les aficionados des feuilletons, romances mièvres, appelés "novelas". Les yeux rivés sur l'écran, ils vivent l'affaire en cours. Toutes les émotions s'affichent sur leurs visages au gré des scènes qui défilent. Je ne saurais pas vous relater le fond d'une de ces histoires, car je n'ai jamais réussi à en saisir le sens exact. Mais ne soyons pas hypocrites, les actrices qui assument les rôles d'épouses enviées et/ou bafouées, et de maitresses délaissées, émoustillent indiscutablement les sens masculins les plus endormis. Sans vouloir ouvrir un débat immédiat sur les qualités des Argentines, je vais quand même souligner la présence charmante de Nancy, réceptionniste au regard rieur et malicieux, et superbe femme de surcroit. Qu'elle soit remerciée pour sa gentillesse et son professionnalisme.

Le restaurant ..

Le restaurant de l'hôtel possède une carte très honorable. La cuisine locale y est largement représentée et tous les jours, la formule plat du jour est appréciée des clients. Outre une salle irréprochable de propreté, et des tables dressées dans la pure tradition hôtelière, j'ai été largement conquis par le personnel de salle. La politesse, trait naturel chez les Argentins, est mis au service d'un métier qui demande de la rigueur et de la patience. La discrétion vient également renforcer ces atouts. Peu importe le taux d'occupation des tables, le professionnalisme est constamment présent. Les serveurs ont l'œil sur tout, à tel point que l'on a parfois l'impression qu'on ne s'occupe que de vous. Mais non, ils sont attentionnés avec tous les clients, et avec la même intensité. On ne s'interpelle pas entre serveurs, le service est feutré du début à la fin. Lorsque le client souhaite partir, un serveur vient lui tenir la porte en lui souhaitant, sans débordement et selon l'heure, une bonne après-midi ou une bonne soirée. La sincérité du propos n'attend pas forcément un pourboire comme dans tant d'autres pays. En France, il faut être dans un beau restaurant de province pour trouver un service équivalent. Voilà le service d'un restaurant de moyenne importance où l'on déjeune, boisson comprise (apéros et excellent vin argentin), pour l'équivalent de 87 pesos, soit environ 18 € .. Dans les petits restaurants avoisinants, certains sont populaires, je peux vous assurer que, même dans ce genre d'endroit, l'accueil, la gentillesse et la simplicité, sont toujours au rendez-vous.

La gastronomie ..

La cuisine de cette région ressemble aux gens qui la peuplent, c'est à dire simple et nourrissante mais jamais roborative. Les personnes en sur-poids sont très rares. Le bœuf grillé en assado accompagné d'une salade "roucoula" et de pommes de terre sautés, représente le plat quotidien et populaire. Les parts sont conséquentes et préparer soi-même son assaisonnement, fait partie du plaisir de la table. Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter ma contribution à la légendaire qualité de réputation mondiale. Je noterai tout de même que je ne suis pas un grand fan de viande, mais là .. impossible de résister. Rien que des morceaux dits nobles, et d'une tendreté inimaginable. Grillés comme seuls des spécialistes savent le faire, les amateurs vont être agréablement surpris de goûter, entre autres morceaux, ces délicieux bouts de plate-côtes. N'essayez pas avec notre meilleure viande, ça ne fonctionne pas.

Malgré la proximité du très poissonneux Rio Parana, le poisson n'est pas très prisé par les habitants de la province de Santa Fé. Le suribi, gros poisson de la famille des silures, à la chaire ferme et au gout de beurre, est relativement appréciée. C'est fort dommage, car ce fleuve immense et magnifique abonde en espèces comestibles. Le dorado, de la famille des salmonidés, est à lui seul le plat royal par excellence. Manger un dorado en assado avec les doigts, c'est un exercice quasi charnel. Chaque bout que vous portez à votre bec, vous transporte dans la totale plénitude. Le tout arrosé d'un Norton Malbec, vin de la province de Mendoza, et à ce moment vous pouvez vous considérer comme un être béni.